Mots de bienvenue

Mot de Lucie Sauvé, co-présidente

www.unites.uqam.ca/ERE-UQAM

Photo de Lucie SauvéVivre ensemble, sur Terre est certes l’enjeu éthique et politique le plus exigeant et le plus fondamental de nos sociétés en voie de métissage, là où se forgent de nouvelles identités à travers de nouveaux rapports d’altérité. En lien avec une éducation à la citoyenneté, préoccupée de démocratie participative, de justice et d’équité sociale, cela fait appel à l’éducation relative à l’environnement : respirer, boire, se nourrir, se vêtir, se loger, produire et consommer, rêver et créer … sont indissociables d’un certain rapport au lieu et s’inscrivent dans la trame d’une vie partagée, dans un réseau d’interactions au sein des écosystèmes qui nous portent et dont nous faisons partie intégrante.

Ce congrès nous réunit autour de questions vives; il témoigne d’inquiétudes majeures. Il nous faut apprendre à re-habiter collectivement nos milieux de vie, de façon responsable, en fonction de valeurs fondamentales sans cesse clarifiées et réaffirmées: apprendre à vivre ici, ensemble – entre nous humains et aussi avec les autres formes de vie qui partagent et composent notre environnement. D’une culture de la consommation et de l’accumulation individualiste, ancrée dans des idées préfabriquées, il nous faut passer à une culture de l’appartenance, de l’engagement critique, de la résistance, de la résilience et de la solidarité.

Nous sommes des êtres incarnés, situés, contextualisés, enracinés … ou en mal de racines. Vivre – cette dynamique d’être - implique un espace-temps actualisé dans un « ici et maintenant », et portant la trace de nos résidences et itinérances antérieures. « Ici », c’est la bulle de la maison, du village, du quartier, de la ville, du pays. « Ici » se déroule aussi comme un ruban le long de nos axes de transport, toujours plus rapides, et se déploie dans divers paysages au fil de nos migrations. « Ici » prend maintenant la forme sphérique de notre petite Terre. « Ici », c’est là où nous sommes, ensemble, en résidence ou de passage, c’est notre bout du monde. Et toujours, « ici » s’ancre dans une réalité bien concrète, qu’on a trop tendance à oublier dans l’univers autiste de nos vies artificialisées.

Et puis, « être humain » correspond essentiellement à une aventure collective : nous construisons nos identités dans le rapport à l’autre; nos environnements se tissent à la jonction entre nature et culture. Apprendre à être, c’est-à-dire à vivre ici, ensemble, se retrouve au cœur d’un projet éducatif global.

Dans la foulée des précédents Congrès mondiaux d’éducation relative à l’environnement, ce  5e Congrès devient un acte politique. Il nous amène à nous pencher sur l’éducation et l’environnement, deux sphères à forte dimension politique, puisqu’on y aborde des « choses publiques ».  Ce Congrès a pour but de contribuer à la reconnaissance de l’importance fondamentale du champ de l’éducation relative à l’environnement et au renforcement de ce champ, avec l’appui des diverses instances de décision. 

C’est avec beaucoup d’enthousiasme que nous vous invitons à participer à ce 5e Congrès mondial d’éducation relative à l’environnement, qu’il nous importe d’ancrer dans une dynamique participative et multiculturelle. À travers le partage de nos réflexions et expériences, nous confirmerons le rôle de l’éducation relative à l’environnement comme une dimension essentielle du développement des personnes et des sociétés: en lien avec le rapport à soi et aux autres humains, elle se penche sur le rapport à Oïkos, cette maison de vie partagée. Elle invite à saisir les liens entre écologie, économie et écosophie. Nous verrons comment elle peut contribuer à enrichir le sens de nos vies, à stimuler l’innovation sociale et à influencer les politiques publiques, en vue d’opérer les transformations profondes qui nous permettront de relever le défi sans précédent de « Vivre ensemble, sur Terre ».

Bienvenue à tous et à toutes,  en mai 2009,  à Montréal!

Lucie Sauvé,
Titulaire de la Chaire de recherche du Canada
en Éducation relative à l’environnement
Département d’éducation et pédagogie
Membre de l’Institut des sciences de l’environnement
Membre de l’Institut Santé et Société
Membre du Réseau Dialog (INRS), sur les questions autochtones
Université du Québec à Montréal

Mot de Bob Jickling, co-président

http://www.jickling.ca

Photo de Bob JicklingIl faut de plus en plus chaud ici sur Terre, notre maison à tous. Oubliez les images de réchauffement graduel, de tomates et de concombres qui croissent dans des serres accueillantes, ça se réchauffe vraiment. Les climats changent et notre maison à tous—notre oïkos—est menacée. Lorsque cette maison commune est menacée, toutes les activités humaines et autres qu’humaines subissent un stress ; nos relations socioécologiques avec toutes les formes de vie sont perturbées ; les notions d’identité et de solidarité sont remises en question. De nombreux Canadiens, comme habitants d’un pays circumpolaire, commencent à le comprendre; les régions nordiques sont parmi les plus touchées par le changement climatique. Mais ce n’est que l’une des nombreuses problématiques qui portent atteinte à « l’intégrité, la stabilité et la beauté de la communauté biotique ».

Wangari Maathai, et plus récemment le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat et Al Gore ont beaucoup fait pour accroître la préoccupation collective au sujet des dossiers socioenvironnementaux—par leurs activités et en recevant le prix Nobel de la Paix. Avec d’innombrables autres personnes, ils ont aidé à rehausser la sensibilité environnementale partout au monde. Cette sensibilité accrue offre un contexte favorable au travail des éducateurs en environnement. Mais que devons-nous faire, quelle « histoire » devrions-nous raconter?

Dans le film Une vérité qui dérange, Al Gore a délaissé les scénarios plus conventionnels pour décrire le changement climatique comme une question fondamentalement morale. Dans tout le film, les liens critiques entre l’écologie et l’économie sont apparents, mais il est aussi clair que les questions environnementales sont des questions d’écosophie—ou de philosophie animant des préoccupations morales et éthiques pour notre oïkos. Et si nous voulons une nouvelle éthique, il nous faut une nouvelle « narration » du monde.

Alors que ce 5e Congrès mondial d’éducation relative à l’environnement propose d’examiner les anciennes narrations et de construire de nouvelles visions des choses, nous allons donc nous appuyer sur les travaux de celles et de ceux qui nous ont précédés pour tenter d’avancer ensemble. Très récemment, des éducateurs et des militants se sont réunis à Ahmedabad en Indes en novembre 2007, à la Quatrième conférence internationale sur l’éducation environnementale. Trente ans après la première conférence intergouvernementale à Tbilisi, je m’inspire de cet engagement renouvelé envers l’éducation relative à l’environnement et du sentiment clair d’urgence exprimé dans la Déclaration d’Ahmedabad. « Nous n’avons plus besoin de recommandations de changement graduel, il nous faut des recommandations qui aident à modifier nos systèmes économique et de production et nos façons de vivre de manière radicale. Il nous faut un programme d’éducation qui non seulement suit de tels changements radicaux, mais qui devient chef de file. » Pour mettre en œuvre de telles recommandations et pour réaliser de nouvelles choses aussi radicales, les éducateurs devront accueillir les changements fondamentaux de façon à construire, transmettre et appliquer de nouvelles connaissances.

L’un des grands avantages de se réunir dans un congrès mondial est la possibilité de parler et d’échanger nos visions des choses avec des collègues de partout au monde. En préparation du 4e Congrès mondial d’éducation relative à l’environnement tenu à Durban en Afrique du Sud en 2007, Heila Lotz-Sisitka a souligné l’importance de ces dialogues. Elle les a décrit comme des moyens d’examiner ensemble la signification des réalités, de réfléchir ensemble et de sentir ensemble. Plutôt que de viser à régler des différends, elle affirme que le dialogue peut nous encourager à rechercher des significations plus profondes et à questionner l’ordre implicite des choses—souvent tacite et caché—mais qui structure notre façon de penser et d’agir. Afin de renforcer le dialogue à ce 5e Congrès mondial d’éducation relative à l’environnement, nous posons trois questions :

Nous avons un travail vital à faire ensemble. Je me réjouis à l’avance de votre camaraderie, de l’apport de votre éclairage et de votre créativité qui permettront de poursuivre le travail déjà commencé pour changer la conscience collective vers de nouvelles interprétations du monde, nous permettant d’habiter avec plus de grâce notre maison commune. C’est avec beaucoup d’optimisme et d’enthousiasme que je vous souhaite la bienvenue à Montréal.

Bob Jickling
Professeur adjoint
Coéditeur du Canadian Journal of Environmental Education
Faculté de l’éducation
Université Lakehead

Remerciements :  Je me suis inspiré librement des auteurs et documents suivants: Aldo Leopold, Al Gore, Annie Ned, Thomas King, la Déclaration d’Ahmedabad, Heila Lotz-Sisitka, David Bohm, Stephen Sterling et Lucie Sauvé.

Mot du maire de Montréal, M. Gérald Tremblay

Montréal est la ville toute désignée pour accueillir les éducateurs de partout dans le monde qui se sont engagés à contribuer à l’amélioration de la qualité de l’environnement. Je tiens tout d’abord à les féliciter pour leur travail visant, entre autres, la sauvegarde de notre planète. Leur tâche est importante et leur expérience précieuse. Je suis convaincu que les échanges qui auront lieu durant les assises nous apporteront des éclairages dont nous pourrons nous servir pour notre propre usage et, surtout, pour mieux « Vivre ensemble sur terre ». Je pense, en particulier, à la réflexion que va susciter un thème comme l’Éducation relative à l’environnement et les défis urbains, sujet qui interpelle directement la moitié de la population de notre planète qui vit dans les villes.

Pour une métropole comme Montréal, les questions relatives à l’environnement sont aujourd’hui une véritable priorité. Nous avons, entre autres, adopté la première stratégie de développement durable de l’histoire de notre ville, une politique de protection des milieux naturels ainsi qu’une politique de l’arbre. Nous travaillons à mettre de l’avant de nouvelles façons de faire. Le plus bel exemple : le complexe environnemental de Saint-Michel, qui est devenu une référence internationale quant aux approches développées, entre autres, en ce qui a trait au recyclage et à la récupération des biogaz. En fait, qu’il soit question de transport ou d’économie, l’environnement est au cœur de toutes nos préoccupations car c’est la qualité de vie des citoyennes et des citoyens de Montréal qui est finalement en cause.

Montréal est donc particulièrement fière d’être un partenaire à part entière du 5e Congrès mondial d’éducation relative à l’environnement. J’invite nos visiteurs à se rendre à nos Muséums nature (Jardin botanique, Biodôme, Insectarium et Planétarium) qui, de ce point de vue, se sont acquis une réputation internationale. Notre ville accueille également des institutions importantes comme le Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique du Programme des Nations Unies pour l'environnement et de nombreux centres de recherche et d’organismes de la société civile qui sont très actifs sur le terrain de l’éducation et de la sensibilisation en matière environnementale. Leur présence a valu à Montréal d’être reconnue par l’Université des Nations Unies comme Centre d’expertise régional en éducation en vue du développement durable.

Je remercie les organisateurs et les bénévoles qui ont préparé ce congrès et je souhaite un excellent séjour à nos visiteurs. J’espère qu’ils en profiteront pour découvrir une ville jeune mais qui a une longue histoire, une ville cosmopolite, une métropole culturelle vivante, heureuse de les recevoir pour préparer l’avenir des générations futures.

Gérald Tremblay

Mot de Claude Corbo, Recteur, UQAM

L’Université du Québec à Montréal (UQAM), se réjouit d’être au cœur de l’organisation de ce 5e Congrès mondial d'éducation relative à l'environnement. Cet événement d’envergure interpelle directement notre Université puisque l’éducation relative à l’environnement se retrouve à la confluence de deux champs de recherche et d’enseignement desquels l’UQAM tire sa force : les sciences de l’éducation et les sciences de l’environnement. L’évènement intéresse également d’autres domaines d’excellence au sein de notre établissement, notamment l’École des sciences de la gestion qui se préoccupe de développement durable, ainsi que l’Institut Santé et Société.

Ce congrès socio-scientifique, auquel participent des milliers de professeurs, chercheurs, gestionnaires, professionnelles et spécialistes, issus de divers milieux, s’inscrit harmonieusement dans la pratique résolue de l’UQAM d’encourager la synergie entre les universitaires et d’autres intervenants intéressés par l’éducation relative à l’environnement. Une plus grande convergence de nos actions sur des cibles et des projets choisis nous permettra de nous projeter ici et à l’échelle internationale, avec beaucoup plus de force. Puisque l’environnement est un enjeu planétaire, une approche collective de l’action éducative liée à l’environnement est incontournable. C’est donc un honneur pour notre université de participer à la construction et à la diffusion d’un savoir pertinent et socialement utile.

En terminant, je vous souhaite un congrès stimulant et enrichissant. J’espère que vos échanges seront des plus fructueux et qu’ils ouvriront des perspectives fécondes pour l’avenir.

Claude Corbo
Recteur
UQAM